Jusqu'à aujourd'hui, le moins que l'on puisse dire, c'est que le droit souple
était un objet juridique encore mal identifié, si tant est qu'on veuille bien le
considérer comme un objet juridique justement. Mal identifié mais pourtant pas
sans effet, sur la vie en société et sur les juristes, pour lesquels il est un
véritable empêcheur de penser en rond, dans la répétition de présupposés tenus
pour acquis. Il peut en effet nous déranger ou nous stimuler, c'est selon, car
il vient questionner nos certitudes les mieux établies, nos évidences les plus
fortes sur le Droit. Et s'il nous dérange, un premier réflexe est de le rejeter
hors du droit, pour ne pas le laisser troubler l'image que nous en avons. Mais
si l'on accepte de prendre le droit souple au sérieux, voilà qu'il nous emmène
aux confins du Droit, bousculant au passage la sécurisante et binaire
distinction entre droit et non-droit, et la conviction très majoritairement
partagée, du moins chez les juristes de droit interne, qu'il n'y a de droit
qu'obligatoire et contraignant. Sommes-nous prêts à nous laisser bousculer, à
perdre nos repères, juste pour contempler, au moins l'espace d'un moment, un
horizon élargi du droit ?
N° d'édition : 1
Collection : Thèmes et commentaires
Parution : Février 2009